Laurent Dassault, l'homme qui aimait les belles histoires

De l’homme aux nombreux mandats – immobilier, finance, vins, arts… - on méconnaît l’homme de mémoire, pudique qui aime les belles histoires: en 1944, Nicole sa mère et Jean-Jacques Raffel son oncle trouvent refuge à Chambon sur Lignon dans la maison d’enfants de Tante Soly. En 2014, dans ce village honoré collectivement Juste parmi les Nations, Laurent Dassault réalisera le Jardin de la Mémoire avec l’Association pour la Mémoire des Enfants Cachés et des Justes.

Actu J : Parlez-nous de votre engagement…

Laurent Dassault : Laurent Wauquiez avait organisé un dîner au Quai d’Orsay. Sa mère Eliane, maire de Chambon sur Lignon, m’interpelle par l’histoire du villlage, je m’y rends. A la maison de Tante Soly, je me présente pour m’informer de l’histoire du lieu. J’ignore pourquoi. Le propriétaire revient avec une photo de ma mère et de mon oncle en août 1944 à la pension de Tante Soly ! […] J’ai été poussé presque spirituellement à Chambon sur Lignon.

A.J : Comment est né ce jardin ?

L.D: E. Wauquiez m’a demandé d’être le mécène du jardin de la Mémoire. Se posait la question du sens du lieu. Louis Benech, paysagiste de génie m’a suivi. Il y a des plantes vivaces, des arbres, et une pente qui descend ou monte, comme l’espérance.

Actu J : Ce jardin fait-il écho à l’allée des Justes de Yad Vashem ?

L.D : non, je n’ai pas cette prétention. Yad Vashem c’est l’histoire de l’humanité dans sa douleur et sa souffrance. Chambon est la reconnaissance du courage d’une certaine partie de sa population qui a sauvé 3.000 enfants, dont Maman et oncle Jean-Jacques.

Actu J : Comment cultive - t - on la mémoire dans la famille Dassault ?

L.D : Chacun à sa façon […]. Je suis impliqué dans le respect de mes racines, de la souffrance de nos prédécesseurs pour être à la hauteur de nous-mêmes. Respecter son passé, c’est se respecter.

Actu J : Parlez- nous de vos grands-oncles…

L.D: Mon grand-oncle Paul Bloch était Général et grand résistant (Chardassau) très tôt […] Mon autre grand-oncle, le Professeur René Bloch, a été suicidé à Auschwitz pour avoir mis la Légion d’Honneur sur l’étoile jaune. Il a descendu les Champs-Elysées pour montrer qu’on pouvait être à la fois un grand homme de France, porter l’étoile et ne pas en avoir honte […]. Je porte son nom, Laurent René [...] Pour construire le futur de la famille, il ne faut pas oublier.