Nazareth, Terre promise en Corrèze

De septembre 1933 à avril 1935, près de Brive, Jugeals-Nazareth hameau de 300 âmes, accueillit l'un des rares kibboutz jamais établis en France : le kibboutz Machaar. Coproduit notamment par France télévisions, France 3 Limousin, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, un étonnant documentaire réalisé par Jean-Michel Vaguelsy retrace ce récit.

« Je voulais raconter l’Histoire [… mais je ne pouvais me contenter de cela. J’avais besoin de savoir où étaient partis ces gens et surtout savoir s’il restait quelque chose de leur idéal de fraternité. Je les savais partis en Palestine, mais où ? qu’était devenue leur descendance ? […] Je voulais aussi savoir les traces que ces kibboutznik avaient laissées en Corrèze. Mon film se partage donc entre la France et Israël ». Dès l’accession d’Hitler à la Chancellerie en janvier 1933, la famille de Rothschild crée le comité national de secours aux réfugiés. Par l’intermédiaire de Robert de Roth

schild, le Halutz organisation sioniste socialiste qui subventionne des fermes écoles en Europe, loue des terres à un propriétaire de Nazareth pour ces réfugiés. Cette implantation est destinée à former aux métiers de la terre de jeunes juifs européens candidats au départ en Palestine alors sous mandat britannique. Ces derniers, souvent d’origine bourgeoise, doivent satisfaire à trois critères dont le mariage. « Le maire du village ouvre le livre des mariages de 1934 et montre à Michal Rachmilévitch, fille d’un des dirigeants du kibboutz, le certificat de mariage de ses parents. Elle se souvient à peine de son père mort en 1948 pendant la guerre israélo-arabe, elle avait 3 ans. Sa mère ne lui avait jamais parlé précisément de cette période. Ce sont des moments d’émotion intense ! » commente le réalisateur.

Contraints par l’antisémitisme relayé notamment par le sous-préfet de Brive, presque tous ces jeunes kibboutznik corréziens iront en Palestine, échappant ainsi à la barbarie nazie. Une majorité d’entre eux rejoindra le kibboutz Ayelet Hashaar. Huit décennies plus tard, les descendants reviennent en Corrèze pour retisser les fils de leur histoire. Un documentaire d’une rare épaisseur humaine, historique et pédagogique, entre dimension collective…et personnelle.

Visible 3 semaines sur le site de FR3 Aquitaine: