Tournée française du quintet Omer Avital : l'été sera chaud
- Véronique Ghidalia (Actu j - 31/05/2015
- 31 mai 2015
- 2 min de lecture

Quand certains «prennent leur place pour assister à un concert de jazz,» les aficionados d'Omer Avital et son quintet ont «rendez-vous avec Omer et sa bande» comme on se réjouit de passer la soirée avec ses copains autour d'une jam session. Oubliez l'air inspiré de rigueur et les deux heures de circonvolutions intellectuelles convenues, renoncez à ne faire qu'un avec votre siège: le phénomène Avital est de retour! Depuis son album «Suite of the east» promu meilleur album de jazz de l'année 2013, le quintet Avital a produit «New song» en 2014 sous le label français «Plus Loin», confirmant sa capacité à hériter d'influences et plus encore, à réhabiliter voire initier une autre voie.
La légende veut qu'O. Avital ait quitté Israël pour arriver à New York en 1992, le même jour qu'Avishai Cohen, autre contrebassiste et Avi Lebovich tromboniste, trois Israéliens incontournables de la scène jazzy. Or, s'il y accompagne les plus grands tels Wynton Marsalis et Kenny Garrett, il possède avant tout l'audace et la capacité d'imposer son langage, voire sa vision sensible du monde. Déjà la pochette de «New Song» suggère l'introspection et les accents intimistes, les titres tels «Tsafdina» une invitation au voyage en Orient et au Maroc. Cet Israélien né de père marocain et de mère yéménite, porte haut et fort les couleurs d'une musique sépharade méprisée au sein de la société israélienne du fait de ses mélopées proches de la musique arabe qu'il a étudiée en Israël avec ses plus grands maîtres. Créateur du New Jerusalem Orchestra, il obtint le Prix du Premier ministre, la plus haute distinction musicale de son pays d'origine. Comme son frère Avi, joueur classique de mandoline et nominé pour le Grammy Award de la meilleure prestation solo avec orchestre, le travail rigoureux et acharné de l'instrument parfaitement maîtrisé donne le sentiment d'une improvisation permanente, dégagée des contingences techniques pour jouer une nouvelle rhétorique: celle du bonheur de partager.
Prix du Premier ministre, la plus haute distinction musicale d'Israël
Ainsi, les compositions « Ballad for a friend » et surtout « Avishke » dédiée au trompettiste du quintet Avishai Cohen, sont des clins d'oeil voire des hommages à chaque musicien mis immanquablement en lumière lors de dialogues entre la contrebasse d'Omer Avital et le piano de Yonathan Avshai, le saxophone ténor de Joel Frahm, la batterie de Daniel Freedman, la trompette d'Avishke. Rien d'étonnant en effet à ce jeu de scène ! « Ma contrebasse est comme la voix de mon père et les hanches de ma mère », explique-t-il, pour décoder l'intimité étrange et révérencielle qui le lie à son instrument, au point de danser avec en riant et de le faire virevolter tel une cavalière.
Sa générosité, son incroyable synergie et surtout sa créativité ont hissé le politiquement improbable au rang d'artistiquement génial... le Mingus israélien est de retour !
www.omeravital.com
Comments