top of page

Des cartes postales qui en disent long

  • Véronique Ghidalia (Actu J)
  • 19 févr. 2016
  • 3 min de lecture

De Sépharades et Juifs d’ailleurs à La question juive en Europe, Gérard Silvain érige la carte postale en sésame pour décrypter la perception d’une société à l’égard de ses Juifs. Aujourd’hui, 1914-1918 les Juifs dans la tourmente analyse le message derrière le regard porté sur les Juifs par les armées, en l’Europe jusqu’en Palestine.


Lors de la Première guerre mondiale, dans le milliard de correspondances échangées, la carte postale, créée en 1869, devient un outil de communication majeur servant la propagande des armées. Reporters et propagandistes modernes, les Allemands se distinguent des Français qui jouent la carte patriotique. Cette épopée photographique européenne nous mène jusqu’en Palestine où des cartes postales montrent l’entrée de la Brigade juive de Palestine à Jérusalem et le premier drapeau d’Israël. Emotion garantie. Le 8 février 2015, une exposition prolongera le livre, avec un concert unique de la chorale Maskeret Batya d’Israël.

AJ : La Grande Guerre célèbre l'union sacrée entre tous les cultes. Comment cela se traduit-il par les cartes postales?

G.S : La carte postale est un vecteur populaire de propagande d’une très grande efficacité. Des équipes de photographes, de presse, en France, et de l’armée, en Allemagne, vont, dès le début des hostilités, faire poser devant l’objectif, les aumôniers des trois grandes religions occidentales, le prêtre, le pasteur, et le rabbin.


AJ : A travers la carte postale, comment la France met-elle en scène la relation passionnelle des Juifs à la patrie?

GS : La carte postale illustre par exemple le fait d’arme du rabbin Abraham Bloch qui, sur le champ de bataille, sollicité par un combattant agonisant, lui apporte un crucifix. Fauché alors par un obus ennemi il meurt quelques instants après. Cette carte postale de Lévy – Dhurmer qui symbolise le patriotisme des juifs et l’amitié judéo-chrétienne sera longtemps distribuée dans les écoles juives à l’occasion de la remise des prix de fin d’année.


AJ: Les cartes postales en France et en Allemagne ne réservent pas le même traitement en France et en Allemagne aux soldats et aumôniers israélites. Pourquoi?

GS : En effet. Si les Allemands, à de très nombreuses reprises, s’intéressent à la vie religieuse des juifs sur le front : photos de rabbins, parfois nommés, scènes de prisonniers de guerre célébrant les fêtes dans leurs camps, scènes de Kippour ou de seder sur le champ de bataille, vœux de Rosh Hashana. Les Français, eux, n’y trouvent aucun intérêt ! Les compagnies de propagande, mises sur pied par l’empereur Guillaume lui-même ont joué tout au long de la guerre au petit reporter moderne. Rien de tel du coté français.


AJ : Malgré l'engagement sans mélange des Israélites, les cartes révèlent que l'antisémitisme ressurgit dès 1915, en Autriche, Russie, Allemagne et aux USA. En France une carte postale française présente le Juif allemand comme le "véritable vainqueur". Caricatures et slogans...la carte postale fut aussi un vecteur de propagande antisémite?

GS : J’ai l’habitude de dire que la carte postale est, depuis l’affaire Dreyfus, l’un des diffuseurs les plus efficaces de l’antisémitisme puisque l’image qu’elle impose atteint les villages les plus reculés de la planète. Dès 1915, en Allemagne, l’union sacrée vole en éclats des lors que de nombreuses cartes antisémites circulent, parfois même imprimées sur les presses de l’armée. En France, il faut attendre la fin de la guerre pour voir réapparaitre l’antisémitisme en cartes postales.


AJ : Vos recherches nous mènent jusqu'en Palestine de l'époque avec des cartes postales étonnantes de la Brigade juive n 1918 ou du bataillon de Jabotinski. La première guerre mondiale fut-elle

déterminante pour le sionisme?

GS : J’insiste sur un point peu développé par les historiens. C’est en 1914, quatre mois seulement après le début du conflit, que Trumpeldor et Jabotinski élaborent un plan pour mettre sur pied une Brigade Juive et c’est en mars 1915 qu’est constitué le Zion Mule Corps, embryon du glorieux régiment juif. La première guerre mondiale déterminante pour le sionisme ? A l’évidence puisque tout s’enchaîne : Le 2 novembre 1917, Déclaration Balfour. Septembre1918, première victoire depuis la chute du Temple, d’un régiment juif sous un drapeau juif.1928.Création d’une république autonome juive au Birobidjan destinée, entre autre, à freiner l’alyah des juifs soviétiques. Et pourtant vingt ans après…

AJ : Cet ouvrage est dédié à Marcel Silvain votre père, héros décoré des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945. Un hommage à tous les combattants juifs, aussi ?

GS : Ce livre est en effet dédié à tous les combattants juifs de la guerre 1914-1918 et particulièrement à mon père qui aimait tant la France.

Comentarios


WHAT'S UP BLOG:
LE MANIFESTE

 

What's up blog est un espace d'information indépendant. Sa vocation est de mettre en lumière des acteurs de la société, projets, réalisations dont la créativité, l'engagement, l'audace... apportent un souffle nouveau.

Musique, littérature, philosophie, expositions, éthique,engagement sociétal, tourisme, économie... trouvent ici une tribune d'expression libre.

Eclairer, promouvoir, découvrir l'envers du décor grâce à des interviews sans complaisance, proposer un regard critique constitue la ligne éditoriale de ce blog.

Créatrice: Véronique Ghidalia, journaliste indépendante et chef de projets culturels

 UPCOMING EVENTS: 

 

21/02/2016: Soirée Avishai Cohen sur la chaîne Mezzo

 

04/04/2016: Omer Avital Quintet - New Morning

 

 

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
 SEARCH BY TAGS: 

© 2023 by The Artifact. Proudly created with Wix.com

  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
bottom of page