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Un essai édifiant

  • Véronique Ghidalia (A.J - 14 avril 2016) version
  • 14 avr. 2016
  • 2 min de lecture

Henry Mechoulan est un chercheur qui trouve. Hélas ! Auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages sur le monde juif sous ses aspects historique, religieux, sociologique ce directeur de recherches honoraire au CNRS décode dans cet essai la figure du Juif dans le roman, genre littéraire majeur du XIXème siècle.

Embrassé par toutes les écoles, miroir de son temps, le roman est la clé du panthéon littéraire auquel postulent les S.’embarrassant peu des préjugés, poncifs antisémites chrétiens, voire les exploitant, jouissant d’une totale liberté, le roman fait découvrir le Juif dont la visibilité à Paris augmente. Porteur de modernité, inventif, il inquiète même si, souligne Nietzche cité par l’auteur, la cellule juive « est toujours restée étrangère aux perversions, aux vices et aux tares d’une société chrétienne licencieuse voire criminelle ».


C’est par le sème de l’or, hérité du Veau d’Or, que la vision du Juif liée à la domination du monde, exploitée dans les Protocoles des Sages de Sion puis dans Mein Kampf mine le Roman. Confiné par l’Eglise dans les métiers de l’or, niant la messianité de Jésus, l’ Israélite en quête première d’intégration, aux origines mal définies fait peur. L’antisémitisme laïc de Marx pour qui « l’or est le dieu jaloux des Juifs », les frustrations personnelles des auteurs font le reste.


Si Eugène Sue ( Le Juif errant) « inverse les poncifs : les jésuites deviennent des juifs affamés d’argent et prêtes à toutes les abjections , [écrit] le roman de la fidélité et de l’honnêteté du Juif », et Alexandre Dumas (Le Corricolo) stigmatise l’antijudaïsme, construisant même l’image d’honnêteté, d’élégance, de culture et d’héroïsme de protagonistes juifs, certaines lignes commises par Maupassant, Loti, Sand, les Goncourt, Daudet et Zola font frémir, d’autant que le pont de vue narratif est parfois celui de l’auteur, non d’un personnage. Il est à noter que la lecture scrupuleuse d’H. Mechoulan nuance avec probité l’antijudaïsme de certains auteurs tels Stendhal et Balzac.

Que dire devant l’enseignement de certains chefs d’œuvre littéraires qui occulte totalement cet aspect nauséabond ? quel regard porter sur le prix littéraire éponyme qui vaut consécration, le Goncourt ? dans Manette Salomon (1867), Coriolis, peintre talentueux, est frappé par les Juifs qui portent « la fatalité de signes où survit la race »…


Le Juif dans le roman français au XIXe siècle, Henry Meschoulan, Ed. Berg international,215 pages, février 2016.prix : 19 €

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